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Le Blog du CEDRE

La médecine traditionnelle chinoise par Patrick Shan

La médecine traditionnelle chinoise

Une ethnomédecine encore vivante

La médecine chinoise est un système médical complet vieux de plus de 3000 ans, fondé sur l’observation du fonctionnement de la nature et de l’être humain. Elle est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé, et utilisée aujourd’hui par plus du quart de la population mondiale. Son efficacité lui a permis de traverser les siècles, et ses possibilités dans le traitement des soins de santé primaire l'ont amenée à se développer hors de Chine, pour gagner toutes les régions du monde.

Une autre vision de la santé

Toute médecine s'intéresse à la vie. Mais la vie, n’est-ce pas justement cette force dynamique que les chinois appellent le Qi - l'énergie -, dont sont dépourvus les cadavres que l'on dissèque en faculté de médecine ? La vie n'est-elle pas également, au-delà de la biochimie, le fruit de certains composants d'ordre psychiques et spirituels, qui font de nous des Homo Sapiens ? Et cet ensemble n'est-il pas lui-même le fruit de forces dépassant l'homme ? N'avons-nous pas en nous, au travers de notre respiration et des pulsations du sang dans nos veines, les rythmes du Ciel et de la Terre qui nous nourrissent à chaque instant ?
Au fil de l'histoire, chaque civilisation a sécrété un système médical à son image. Si la médecine occidentale a pris le parti d’une approche essentiellement matérialiste de la vie humaine, la médecine traditionnelle chinoise attache une égale importance aux aspects physiques, fonctionnels et psychiques de l’être humain, qui pour elle est un être pluri-dimensionnel.

Un diagnostic rigoureux mais différent

Les médecins traditionnels chinois ont accumulé une somme remarquable d'informations tirées d'une observation minutieuse des pathologies humaines, qui leur a permis d’affiner leur médecine au cours des siècles. C’est comme si, chez nous, la médecine d’Hippocrate avait continué d’être étudiée et enrichie en parallèle à celle de Pasteur. Cette remarquable continuité historique, qui caractérise d'ailleurs l'ensemble de la civilisation chinoise, confère à cette médecine une valeur épistémologique aussi rare que précieuse.
Plutôt que de développer un arsenal technologique complexe, la médecine chinoise s'appuie sur les qualités humaines du praticien : elle considère que les capacités de perception sensorielle, les facultés de raisonnement et de jugement constituent l'instrument d'analyse le mieux adapté au diagnostic de la pathologie humaine. Le diagnostic chinois se fait sans les examens de laboratoires ou les appareils de détection modernes : c'est le praticien qui procède lui-même à l'examen du patient, au moyen de procédés tels que l'observation, l'auscultation, l'interrogatoire détaillé ou la palpation du corps. Ce qui se passe au-dedans se manifeste toujours au-dehors, mais nous avons perdu l'habitude de le lire. La médecine chinoise nous réapprend à regarder l'être humain, plutôt que de se focaliser, aux moyens d'instruments toujours plus sophistiqués, sur les seuls paramètres de sa maladie. Nous sommes au carrefour de la science et de l'art, lorsque nous lisons dans les classiques de cette médecine que « chaque individu constitue un paysage particulier, et le médecin le regarde comme un peintre regarde sa toile. Le teint du visage, l’expression des émotions, les manifestations de la douleur, l’aspect des pouls, expriment la nature propre à chacun. Il constitue l’essence du paysage humain. Lorsque l'on est en bonne santé, le paysage est beau. Lorsque l'on est malade, la peinture est laide. »

Un système médical complet

Le système médical chinois, que trop de gens limitent encore à la seule acupuncture, dispose de cinq grandes familles d’outils thérapeutiques pour répondre à l’ensemble de la pathologie humaine :

  1. La pharmacopée chinoise : utilisant des substances médicinales issues des trois règnes (végétal, minéral, animal) sous différentes formes (pilules, poudres, décoctions...), la pharmacopée chinoise est l'une des plus riches du monde. Elle a fait l'objet de milliers d'ouvrages au fil des siècles, et constitue la branche thérapeutique la plus importante du système médical chinois. Issue d'une longue tradition clinique et expérimentale, elle nécessite une formation au diagnostic plus poussée que l'acupuncture, méthode comparativement plus tolérante.
  2. Les traitements externes : cette branche désigne toutes les méthodes thérapeutiques applicables depuis la surface du corps. La plus connue d'entre elles est bien sûr l'acupuncture, qui s’est développée en Occident depuis plusieurs décennies. Mais elle comprend également des techniques de massage, la pose de ventouses ou d’emplâtres, les mobilisations articulaires ou encore les actes de chirurgie (ces deux dernières méthodes étant laissées chez nous aux bons soins des ostéopathes et des chirurgiens dûment qualifiés).
  3. La psychothérapie traditionnelle : la médecine chinoise n’oublie jamais que le corps humain n’est qu’un véhicule dont l’esprit est le conducteur, et que bien des dérèglements du véhicule humain sont dus à des états d’âmes perturbés et autres défauts de conduite personnelle. C’est pourquoi les ethnomédecins (praticiens de médecines traditionnelles) prennent toujours en compte la dimension psychologique de leurs patients, et l’utilisent parfois pour les aider à régler leurs problèmes sur le fond. A partir d'une vision originale de la psychologie humaine, la médecine chinoise dispose d’un ensemble de techniques appellées "médicaments du cœur", qui s'avèrent indispensables dans le traitement de nombreuses maladies actuelles.
  4. Les exercices, ou Qi Gong : Le Qi Gong est une forme de gymnastique millénaire permettant de modifier le fonctionnement des organes internes et de traiter les maladies. Classés en différentes catégories selon qu'ils sont mobiles ou statiques, sollicitant l'ensemble du corps, la respiration et la concentration mentale, les exercices chinois sont utilisables aussi bien dans la prévention que dans le traitement des maladies. Une branche particulière des Qi Gong correspond à ce que l'on nomme chez nous le magnétisme, ou médecine des guérisseurs.
  5. Les conseils d'hygiène de vie : par ses origines impériales, la médecine chinoise est intrinsèquement préventive. Si elle peut traiter de nombreuses maladies, son but premier reste de permettre aux patients d’éviter de tomber, ou de retomber malade. Elle doit pour cela être capable de donner des conseils d’hygiène de vie adaptés permettant à chaque individu de vivre « longtemps, heureux et sans maladies ». Elle enseigne également un certain nombre de méthodes d’entretien de santé telles que la diététique, la sexologie, la géobiologie, ou encore la méditation.
    L'intérêt de toutes les méthodes que nous venons de citer est qu'elles sont combinables, et qu’elles ont su conserver la même efficience au fil des siècles, tout en s'adaptant aux besoins changeants de notre monde. Comme on le voit, la médecine traditionnelle chinoise et un système médical complet, qui mériterait de trouver sa place au sein de notre système de santé.

À l'heure où les pays riches vivent au-dessus des moyens et des ressources de la planète, la médecine traditionnelle chinoise recouvre un ensemble de méthodes préventives et thérapeutiques naturelles et économiques, que nous aurions tout avantage à redécouvrir.

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