
De même que le nombre de roses dans un bouquet conditionne la nature du message qu’il transmet, le nombre et la disposition des aiguilles que je pose sur mes patients exprime quelque chose qui va au-delà de l’action de chacune d’entre elles. Non que je prenne mes patients pour des pots de fleurs, mais cette manière de pratiquer l’acupuncture était également celle de mon professeur, le Dr Leung Kok Yuen. Je garde un souvenir impressionné de la première fois où je fus son patient : deux points, quatre aiguilles en tout, what else ?

Une ethnomédecine encore vivante
La médecine chinoise est un système médical complet vieux de plus de 3000 ans, fondé sur l’observation du fonctionnement de la nature et de l’être humain. Elle est reconnue par l’Organisation Mondiale de la Santé, et utilisée aujourd’hui par plus du quart de la population mondiale. Son efficacité lui a permis de traverser les siècles, et ses possibilités dans le traitement des soins de santé primaire l'ont amenée à se développer hors de Chine, pour gagner toutes les régions du monde.

Lors de son dernier passage en France, le Docteur Leung Kok Yuen, mentor de nombreux praticiens de médecine chinoise en Occident, a remis à Patrick Shan une lettre qu’il lui a demandé de transmettre à tous ses anciens étudiants. Cette lettre, adressée à un ami il y a 5 ans et dans laquelle il fait un bilan personnel, constitue un témoignage d’autant plus précieux que le Dr Leung a cessé toute activité d’enseignement depuis qu’il a pris sa retraite en 1992. Voici cette lettre, source insoupçonnée de sagesse et de réflexion.

Il fut une époque où, pour apprendre la Médecine Traditionnelle Chinoise, il fallait être prêt à changer de continent. De nos jours, la situation est inverse : le nombre d’écoles de MTC s’est tellement développé ces dernières années que l’on pourrait choisir la proximité géographique pour critère principal… si les enseignements étaient véritablement identiques.